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Le plan de sauvetage économique présenté : Pour surmonter les séquelles de la crise

A travers cette stratégie de court terme, le gouvernement veut miser sur l’autonomisation sociale et la pérennisation du tissu économique pour pouvoir assurer un redressement  de l’économie  dans les mois à venir. 

C’est sur fond de tensions et de tiraillements politiques que le gouvernement a esquissé, hier, les grandes lignes du plan de sauvetage économique dont le principal objectif est de préserver le tissu économique du pays et sauver les emplois.  Une conférence de presse s’est tenue, hier, en présence de Lobna Jeribi,  ministre auprès du Chef du gouvernement chargée des Grands projets nationaux, Mohamed Nizar Yaiche, ministre des Finances, et Slim Azzabi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, au cours de laquelle les ministres ont présenté la stratégie de sauvetage économique, son schéma de financement ainsi que les prévisions des principaux indicateurs économiques pour l’année 2020.    

Une démarche participative 

Avant de dévoiler  les principales mesures décidées dans le cadre de la stratégie de sauvetage économique, la ministre chargée des Grandes réformes a tenu à préciser que la Tunisie possède des atouts, notamment sur le plan sanitaire,  sur lesquels il faut capitaliser. “Aujourd’hui, la Tunisie jouit d’une bonne réputation à l’échelle internationale qui est due à la bonne gestion de la crise sanitaire du coronavirus. Elle figure désormais parmi les pays les plus sûrs au monde  sur le plan épidémiologique. Le secret de cette réussite réside dans l’alignement des efforts nationaux des diverses parties prenantes sur un seul objectif, à savoir la lutte contre la pandémie”, a-t-elle affirmé. 

Jeribi a précisé que ledit plan a été conçu d’une manière participative. Ainsi il a été élaboré par les représentants des divers départements ministériels, de l’administration, de la présidence de la République (représentée par l’Ites), des organisations nationales et sectorielles, des thinks tanks, des acteurs de la société civile, et ce,  en collaboration avec des experts en économie. 

Le plan de sauvetage économique s’étend sur 9 mois, c’est-à-dire jusqu’au mois de mars 2021, date du lancement du plan quinquennal 2021-2025. Il comporte des mesures opérationnelles qui peuvent être appliquées dans les délais impartis et dont les effets sur l’entreprise ainsi que sur le citoyen seront instantanés, argue Jeribi. En effet, cette stratégie court termiste  constitue une étape fondamentale qui conditionne la réussite des futures  transformations économiques du pays, soutient-on. «Nous ne pouvons pas déployer le plan quinquennal et mettre en œuvre les grandes réformes, si nous ne parvenons pas à sauver l’économie, notamment les entreprises et  préserver le tissu social», a-t-elle souligné dans ce contexte. 

Pérenniser les entreprises 

Les mesures qui ont été énumérées par la ministre s’articulent  autour de quatre principaux axes, en l’occurrence la gouvernance, l’économique, le social et l’investissement.

Parmi les principales mesures économiques inscrites dans le plan, Jeribi a évoqué la mise en place d’une ligne de financement de 1.000 millions de dinars pour le  paiement de l’État des arriérés aux entreprises privées, notamment du secteur du BTP. Il s’agit également de financer la liquidité des entreprises moyennant une garantie de l’Etat à hauteur de 1,5 milliard de dinars. La ministre a, en outre,  affirmé que  la ligne de financement du dispositif du chômage technique (100 millions de dinars) sera toujours maintenue, l’objectif étant de préserver le maximum possible de postes d’emploi. Il a été également décidé de consacrer  une ligne de financement de 700 millions de dinars pour la restructuration des entreprises touchées par la crise du coronavirus. Un observatoire pour le suivi et le soutien des entreprises en difficulté a été, également, mis en place.   

Autonomisation sociale dans le viseur 

S’agissant des mesures sociales, Lobna Jeribi a fait savoir que l’actuelle  stratégie vise, au-delà des aides et des  allocations sociales,  à assurer l’autonomisation sociale des plus vulnérables. Pour ce faire,  il a été décidé de consacrer une ligne de financement  de 30 millions de dinars au profit des catégories vulnérables, et ce,  afin de pouvoir élargir  la protection sociale, améliorer les services sanitaires et renforcer l’intégration financière.  La ministre a fait savoir que l’Etat s’est engagé à régulariser la situation des ouvriers de chantiers et celle des professeurs et des enseignants sur 5 ans à partir du mois de septembre prochain. 

Par ailleurs, le gouvernement s’engage à intégrer, avant la fin de l’année en cours, 15 mille jeunes âgés entre 12 et 18 ans ayant  décroché. Toujours sur le plan autonomisation sociale, il a été décidé de faire bénéficier  3.000  familles vulnérables des titres de propriété individuelle  avant la fin de l’année en cours. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’un programme global qui s’étale sur 5 ans et  qui concerne 350.000 familles. 

Jeribi a également affirmé que le gouvernement s’est engagé à revoir les conditions  d’attribution des logements sociaux, tout en prenant en considération le niveau de vie et le pouvoir d’achat de la classe moyenne. 

Gouvernance du secteur public 

En ce qui concerne l’axe de l’amélioration de la gouvernance, il a été décidé de mettre en œuvre les plans de restructuration de 5 établissements publics, notamment la Compagnie aérienne Tunisair, la Stir et la Stam et ce, avec le concours du  partenaire social. Le gouvernement s’est également engagé  à réduire le nombre de documents demandés par l’administration et d’appliquer l’usage de  la signature électronique.  Au niveau des collectivités locales, l’exécutif  s’est penché sur l’amélioration du taux d’encadrement dans les municipalités pour le hisser à 20%, et ce, en permettant à 1000 hauts cadres de la fonction publique la mobilité professionnelle moyennant des avantages incitatifs.  

Stimuler l’investissement 

S’agissant du quatrième axe de la stratégie qui  porte sur  la création de nouvelles opportunités d’investissement, le gouvernement s’est fixé l’objectif de combattre les mécanismes de  l’économie de rente en mettant à  la disposition de tous les entrepreneurs et investisseurs, sans exception,  les moyens nécessaires pour investir et créer des richesses. Pour ce faire, l’Etat s’est engagé à renoncer à la demande de dépôt de 27 permis d’investissement mais aussi de renforcer les prérogatives du Conseil de la concurrence. Le gouvernement s’attellera, également,  à l’augmentation du rendement du port de Radès de 4 conteneurs  par heure à 10 conteneurs par heure. La conclusion des pactes sectoriels dans des secteurs prometteurs comme l’industrie pharmaceutique, les industries des composants automobiles et du textiles fait également partie du programme. En outre, Jeribi a fait savoir que le gouvernement table sur les grands projets d’investissement structurants, qu’ils soient privés ou en partenariat public-privé. Il compte, à ce titre, de mettre en place une instance supérieure dotée d’une salle d’opération  qui suit  la réalisation des grands projets dans les régions.  Le secteur de l’économie sociale et solidaire, en point de mire, Jeribi a affirmé que le gouvernement travaillera sur l’amélioration de sa contribution dans la croissance.   

 


Prévisions de croissance  pour l’année 2020 : Un taux de -6,5% 

Le département des Finances a revu à la baisse  les hypothèses de la loi de finances 2020, à savoir une croissance de -6,5% au lieu de 2,7% et 45 dollars le prix du baril de pétrole au lieu de 65 dollars le baril. Quant aux recettes fiscales, elles vont enregistrer une baisse de 5 milliards de dinars par rapport à ce qui a été prévu dans la loi de finances 2020. 

“Le plus grand danger qui menace la Tunisie, c’est la crise politique”, a affirmé le ministre des Finances, Mohamed Nizar Yaiche, lors de la conférence de presse qui s’est tenue hier, à la Kasbah, pour présenter le plan de sauvetage économique.  Lors de son intervention, le ministre n’a pas lésiné sur l’état des finances publiques, et a étalé toutes les données relatives à la loi de finances ainsi qu’aux mesures décidées pour renflouer les caisses de l’Etat. 

Rectifier la loi de finances 2020

“Les hypothèses de croissance  sont en perpétuelle mouvance, partout dans le monde”, a déclaré Yaiche. C’est dans ce contexte qu’il a fait savoir que le gouvernement a revu à la baisse  les hypothèses de la loi de finances 2020, à savoir une croissance de -6,5% au lieu de 2,7% et 45 dollars le prix du baril de pétrole au lieu de 65 dollars le baril. Quant aux recettes fiscales, elles observeront une baisse de 5 milliards de dinars par rapport à ce qui a été prévu dans la loi de finances 2020. A ce sujet, le ministre des Finances a déclaré que le département a pris des mesures financières pour atténuer la baisse des recettes fiscales qui peut être ramenée, ainsi,  à 4,6 milliards de dinars. Le déficit budgétaire atteindrait selon les estimations du ministre les 7% du PIB alors qu’il était fixé à 3% pour l’année 2020. Le taux d’endettement va dépasser les 80%, dont  61% d’endettement extérieur.  

 “Nous essayerons de ne pas ponctionner le budget de l’investissement public. Il n’y aura pas de sortie sur le marché international dans les mois à venir. Nous allons veiller à ce que le taux d’endettement extérieur ne dépasse pas les 61%”, a souligné Yaiche. 

Une batterie de mesures financières  qui peut rapporter un total de 1,1 milliard de dinars 

Dévoilant les grandes lignes du schéma de financement du plan de sauvetage ainsi que du projet de loi qui va rectifier la loi de finances 2020, Yaiche a expliqué que le département s’est fixé 5 objectifs, à savoir tenir les engagements sociaux du gouvernement envers 1,2 million de familles nécessiteuses, ne pas opter pour la hausse de la pression fiscale, maintenir le budget du titre 2, ne pas dépasser le seuil des 60% de l’endettement extérieur et prendre une batterie de mesures financières  qui peut rapporter un total de 1,1 milliard de dinars aux caisses de l’Etat. Le ministre des Finances a précisé, à cet égard, qu’il s’agit de 50 mesures articulées autour de 8 axes, en l’occurrence la stimulation de l’investissement et l’amélioration du climat des affaires;  l’appui aux start-up;  le renforcement du côté social et la lutte contre la pauvreté; la modernisation de l’administration fiscale et la numérisation des procédures;  le décashing;  l’intégration de l’économie parallèle;  la lutte contre l’évasion fiscale et enfin le développement de l’administration et le renforcement du contrôle.

Le redressement économique sera long

“ La crise du coronavirus a porté le coup de grâce à l’ancien modèle de développement en Tunisie”, a déclaré, de son côté,  le ministre du Développement et de la Coopération internationale, Slim Azzabi, dans de son intervention. Dressant un état des lieux des principaux indicateurs économiques, Azzabi a fait savoir que le taux de croissance serait établi cette année à -6,5%. “Il s’agit du 2e taux négatif enregistré depuis 2011 et le cinquième depuis l’indépendance”, a noté le ministre. A cet égard, il a expliqué que le redressement économique sera long, plus long que prévu”.  En effet, pratiquement  tous les secteurs économiques ont enregistré un repli sans précédent.  L’industrie manufacturière a enregistré une croissance négative de -14,8%. Idem pour  le secteur des services commerciaux où  la croissance a chuté de -10%. Tandis que le secteur  de l’agriculture a observé une croissance de +5,2% avec une hausse de +6,6% au niveau des exportations.  

Par ailleurs, Azzabi a expliqué que les répercussions économiques négatives de la crise liée au coronavirus puisent leurs origines dans quatre  principales raisons, à savoir le repli de l’activité économique en raison du confinement total qui a été décidé dans le monde, la chute de la consommation privée des ménages, l’effondrement de la demande en provenance des donneurs d’ordre, notamment européens, et  la pression sur les finances publiques. 

“Cependant, l’expérience du confinement total a dévoilé le potentiel de plusieurs secteurs à l’instar de  l’industrie pharmaceutique mais aussi notre capacité de mobiliser des ressources financières extérieures avec des conditions accessibles, ce qui prouve  que la Tunisie a des amis sur lesquels elle peut compter dans les moments difficiles”, a souligné le ministre.

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